Madeleine Albright, l'exilée de Prague devenue pionnière de la diplomatie contemporaine

Quand on est arraché de son pays natal et de ses racines, on devient par la force des choses un citoyen du monde, d'une manière ou d'une autre. Cette phrase est reconnue par tous les exilés et les immigrés de tous les temps. Madeleine Albright, décédée le 23 mars 2022 à l'âge de 84 ans des suites d'un cancer, en fait partie. Partie dès son jeune âge de Prague, sa ville natale, elle a atterri à Washington, en tant que première femme chef de la diplomatie des Etats-Unis, à la fin de sa carrière.

Née à Prague en 1937, Maria Jana Korbelova, devenue Madeleine Albright, a commencé sa vie dans une turbulence qu'elle a appris à comprendre tout au long de sa vie. Fille d'un diplomate, elle a été emmené en exil par sa famille, fuyant la Tchécoslovaquie sous occupation allemande depuis 1938. Passée par la Yougoslavie, elle a grandi dans une famille ballottée par les conflits et les occupations, fuyant les nazis puis les communistes, pour débarquer à Londres après la Seconde Guerre Mondiale.

Arrivée aux Etats-Unis en 1948 après cette vie tumultueuse, Madeleine Albright a gardé une certaine capacité de lecture sur l'Histoire du monde en basculement permanent. Elle a suivi des études de langues étrangères, dont le français qu'elle parle correctement, ce qui lui confère le statut du parfait polyglotte. Car elle parlait toujours le tchèque, sa langue natale, le polonais, l'anglais, et plus tard le russe, qu'elle a appris à l'hôpital à la naissance de ses filles jumelles, plus tard aux Etats-Unis. 

Madeleine Albright a été naturalisée américaine en 1957, elle a épousé un riche américain en 1959. Après un doctorat à l'Université de Columbia, elle a rencontré Zbigniew Brzezinski, conseiller à la sécurité nationale du futur président Jimmy Carter, et ancien réfugié de l'Europe de l'Est lui aussi. Ce dernier l'a fait rentré en politique avec le Parti Démocrate, après quoi elle a été introduite à la Maison Blanche. 

Hormis son passé douloureux, "Ses expériences avec des gouvernements autoritaires lors de ses jeunes années ont formé son approche du monde et expliquent qu’elle ait prêté une attention particulière à l’Europe de l’est", a publié le Wall Street Journal. 

Madeleine Albright a participé en 1982 à la campagne pour l'élection du démocrate Michael Dukakis, un échec mais une occasion pour elle pour rencontrer Bill Clinton. Ce dernier a été élu dix après et nomme Madeleine Albright comme ambassadrice à l'ONU, poste qui l'ancre dans la diplomatie internationale. Clinton la nomme peu de temps après secrétaire d'Etat, première femme au poste de chef de la diplomatie américaine.

Après le décès de Madeleine Albright, Bill Clinton a déclaré : "Peu de leaders ont été aussi parfaitement adaptés à l’époque qu’ils ont servie".

El Pais, en Espagne, a écrit : "Elle est un symbole, une idée que dans ce pays [Etats-Unis], une fille de 11 ans qui a échappé à l’horreur en Europe peut atteindre les plus hautes sphères du pouvoir dans le nouveau monde".

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